For six thousand years the war
Pleasing the quarrelsome peoples,
And God wastes his time doing
The stars and the flowers.
Francisco Goya | Third of May, 1808 | Museo del Prado
The advice of the immense sky,
Pure lily, golden nest,
Take away no madness
From the heart of the bewildered man.
The carnage, the victories,
This is our great love;
And the black multitudes
Have the drum as a bell.
Glory, under its chimeras
And under its triumphant chariots,
Put all the poor mothers
And all the little children.
Our happiness is fierce;
It is to say: Come on! let's die!
And it is to have in the mouth
Bugle saliva.
Francisco Goya | Third of May, 1808 (detail) | Museo del Prado
The steel gleams, the bivouacs smoke;
Pale, we go wild;
Dark souls light up
In the lights of the cannons.
And this for highnesses
Who, you barely buried,
Will be polite
While you rot,
And that, in the fatal field,
jackals and birds,
Hideous, will go see if he remains
Flesh after your bones!
No people tolerate
Let another live next door;
And we breathe anger
In our stupidity.
He's a Russian! Throat, stun.
A Croatian! Rolling fire.
It's just. Why this man
Did he have a white coat?
This one I delete
And I'm leaving, with a serene heart,
Since he committed the crime
To be born on the right of the Rhine.
Rosbach! Waterloo! Revenge!
The man, drunk with an awful noise,
Has no other intelligence
Only massacre and night.
We could drink from the fountains,
Pray in the shadow on your knees,
To love, to dream under the oaks;
Killing your brother is sweeter.
We ax each other, we harpoon each other,
We run over hill and dale;
Terror clings
From fist to horsehair.
And dawn is there on the plain!
Oh! I truly admire
That we can have hatred
When the lark sang.
Léon Bonnat | Portrait of Victor Hugo, 1879
Victor Hugo | Depuis six mille ans la guerre
Depuis six mille ans la guerre
Plait aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.
Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré,
N'ôtent aucune démence
Du coeur de l'homme effaré.
Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.
La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.
Francisco Goya | Third of May, 1808 (detail) | Museo del Prado
Notre bonheur est farouche;
C'est de dire: Allons! mourons!
Et c'est d'avoir à la bouche
La salive des clairons.
L'acier luit, les bivouacs fument;
Pâles, nous nous déchaînons;
Les sombres âmes s'allument
Aux lumières des canons.
Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,
Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s'il reste
De la chair après vos os!
Francisco Goya | Third of May, 1808 (detail) | Museo del Prado
Aucun peuple ne tolère
Qu'un autre vive à côté;
Et l'on souffle la colère
Dans notre imbécillité.
C'est un Russe ! Egorge, assomme.
Un Croate! Feu roulant.
C'est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc?
Celui-ci, je le supprime
Et m'en vais, le coeur serein,
Puisqu'il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.
Rosbach! Waterloo! Vengeance!
L'homme, ivre d'un affreux bruit,
N'a plus d'autre intelligence
Que le massacre et la nuit.
On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l'ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes;
Tuer son frère est plus doux.
On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux;
L'épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.
Et l'aube est là sur la plaine!
Oh! j'admire, en vérité,
Qu'on puisse avoir de la haine
Quand l'alouette a chanté.
Francisco Goya | Third of May, 1808 (detail) | Museo del Prado